b. Les hypnotiques
Ce sont des substances capables d’endormir le patient durant l’anesthésie, ils jouent un rôle de somnifère sur le corps humain : ils entrainent la perte de conscience, l’amnésie, la sédation et l’immobilité.
- Les médicaments utilisés
Il existe plusieurs hypnotiques :
- Le Propofol : c’est un hypnotique de courte durée (30 à 50 minutes environ) utilisé en cas d’urgence pour endormir le patient rapidement, il est cependant très utilisé en médecine moderne, on l’injecte par perfusion. La molécule de Propofol a pour formule chimique C12H18O. - L’Etomidate, de formule brute C14H16N2O2. C’est un hypnotique pur à brève durée d'action, pour des interventions peu douloureuses de courte durée nécessitant un réveil rapide car elle n'a qu'une très faible puissance anesthésique. Il est utilisé sous la forme intraveineuse. - La Kétamine : c’est un hypnotique de courte durée de formule brute C13H16CINO. Il est plus utilisé pour des opérations dans des conditions très difficiles. Les concentrations efficaces vont de 20 à 100 ng/ml. En fait, les effets de la kétamine en limitent largement son utilisation. Elle est plus utilisée dans le des anesthésies d’urgence. |
- Le mode d'action des hypnotiques
Tous les hypnotiques agissent de la même façon.
Les hypnotiques agissent au niveau du cerveau sur les neurones inhibiteurs à GABA. Donc, au niveau du cerveau, il existe des neurones inhibiteurs à GABA qui relâchent des neurotransmetteurs qui sont les acides gamma aminobutyrique (GABA). Les hypnotiques agissent sur ce type de neurotransmetteurs qui, en temps normal, inhibent la transmission entre neurones. Ils diminuent ainsi la capacité des neurones à réagir à des stimuli excitateurs provenant d’autres neurones, ce qui permet de maintenir un équilibre entre excitation (lors d’un potentiel d’action) et inhibition. Les hypnotiques permettent d’atténuer la connexion entre neurones en augmentent la capacité des GABA à inhiber l’excitation des neurones mais aussi en agissant sur les récepteurs post-synaptiques des GABA appelés GABAA pour bloquer l’activité neuronale.
Les GABAA sont des récepteurs ionotropiques, ce sont des canaux ioniques situés dans la membrane du neurone post-synaptique. Les GABA sont alors des ligands, ce sont les molécules qui se fixent sur le canal, ici sur les GABAA. Les GABA permettent alors au récepteur de s’ouvrir pour laisser passer les ions négatifs. Ainsi, la concentration ionique dans le neurone augmente et le neurone crée un potentiel négatif, il ne peut donc créer d’impulsion électrique excitatrice. Il s’agit d’une inhibition.
Les neurotransmetteurs GABA sont libérés dans la synapse lorsque les neurones créent un potentiel d’action, lors d’une impulsion électrique. Ces GABA alors rejetés dans la fente synaptique viennent se fixer sur les GABAA. Il existe aussi d’autres récepteurs du GABA qui sont des récepteurs extra-synaptiques, en dehors des synapses, le long du corps cellulaire du neurone, qui sont activés par les GABA qui se seraient échappés au niveau de la synapse.
Lorsque des hypnotiques sont injectés, ces derniers se fixent sur les récepteurs GABAA ou alors ils se lient à des acides aminés spécifiques du GABAA pour ainsi prolonger l’ouverture du récepteur. Les ions négatifs entrent donc en plus grand nombre dans la membrane du neurone post-synaptique. La membrane du neurone est alors hyperpolarisée (les ions sont plus dispersés). Les ions négatifs, plus nombreux dans la membrane, déséquilibrent le neurone qui est alors de moins en moins apte à créer de potentiels d’action. Ce phénomène correspond au rôle des GABA mais, avec l’injection des hypnotiques, leur action est d’autant plus forte, ce qui revient à dire que les GABA ont plus d’effets : les hypnotiques ont potentialisé l’effet du GABA. C’est ainsi que les neurones ne sont plus excités et ne transmettent donc pus de messages nerveux. A de fortes doses, les hypnotiques permettraient eux-mêmes aux récepteurs de s’ouvrir pour laisser passer les ions, les GABA ne seraient plus nécessaires dans ce cas.
Pour remplir leurs propriétés, les hypnotiques agissent sur certaines aires cérébrales.
- Les risques liés aux hypnotiques
Les hypnotiques entrainent une perte de conscience. Les patients, parfois méfiants, sont inquiets de ne plus pouvoir se réveiller ou de ne pas savoir ce que le chirurgien effectue.
Le principal risque des hypnotiques, comme celui de la morphine, c’est la dépression respiratoire qui peut aller jusqu’à l’arrêt de la respiration à de trop fortes doses.
Quelques effets secondaires sont possibles au réveil mais sont moindres comme les nausées et vomissements au réveil.